Pour endiguer les mauvais résultats actuels de la sécurité routière, le premier Comité interministériel de sécurité routière (CISR) depuis 2011 a déployé un nouvel arsenal de mesures.
Les routes de France ne peuvent pas être un cimetière ». C’est ce qu’a annoncé le Premier ministre Manuel Valls lors du Comité interministériel de la sécurité routière (CISR) qui s’est tenu à Matignon le 2 octobre dernier. Il faut dire qu’il y avait urgence. Après 12 années de baisse continue du nombre de tués sur les routes, l’année 2014 a enregistré une augmentation de 3,5% dans ce domaine, une tendance qui s’est confirmée sur les 8 premiers mois de 2015 (hausse de 4,6%).
Pour compléter les 26 mesures annoncées par le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve le 26 janvier 2015, dont 19 ont déjà été mises en œuvre, 4 le seront d’ici à la fin 2015 et 3 en 2016, le CISR a annoncé la mise en place de 22 nouvelles mesures. À l’exception de certaines d’entre elles, leur date de mise en œuvre n’a pas encore été divulguée.
>Généralisation de l’accès progressif à la moto
La possibilité de conduire une moto de forte puissance (supérieure à 56 ch) après 2 ans de permis A2 puis en effectuant une formation de 7 heures en moto-école, jusqu’ici réservée aux seuls 18-24 ans, est étendue à tous. Cet accès progressif généralisé devrait logiquement accroître la demande de formation pour les moto-écoles.
Autre mesure, le contrôle technique sera mis en place d’ici 2 ans pour la vente de deux-roues motorisés d’occasion, afin de sécuriser le parc et de protéger l’acheteur.
Toujours concernant les deux-roues motorisés, leurs conducteurs devront obligatoirement porter des gants homologués, afin de limiter les blessures graves. Si le texte prévoyant l’entrée en vigueur de cette mesure devrait être bientôt publié, sa mise en application ne pourrait intervenir que plusieurs mois après, le temps que les usagers puissent s’équiper.
Enfin, le port du casque à vélo va être obligatoire pour les enfants de moins de 12 ans.
>Vrais et faux radars
Le contraire eut été étonnant. L’arsenal de radars va encore se renforcer. Le gouvernement compte multiplié par 4 « le nombre de zones sécurisées par des dispositifs de contrôle automatisé ». Quelque 500 nouveaux radars « classiques » vont être ajoutés sur les routes, portant leur nombre total à 4 700, tandis que le nombre de radars embarqués dans des véhicules banalisés va s’accroître. La véritable nouveauté consiste en l’installation de 10 000 radars « leurres ». Ce qui signifie que la présence d’un panneau et d’une cabine ne signifiera pas toujours qu’il y a effectivement un radar en fonctionnement ! « Un tel dispositif est déjà utilisé au Royaume-Uni et en Suisse », a précisé le Premier ministre. Pas sûr cependant que les automobilistes n’y voient pas un piège supplémentaire à leur égard.
Enfin, l’utilisation de drones pour détecter les conduites à risques, moins coûteuse que l’emploi d’hélicoptères, va être expérimentée.
Autre expérimentation à venir, l’utilisation des systèmes de lecture automatisée des plaques d’immatriculation (LAPI) va permettre de lutter contre le défaut d’assurance des véhicules.
>Drogue et alcool : davantage de prévention
Pour la détection des drogues, un second test salivaire de confirmation, transmis à un laboratoire, remplacera la prise de sang en milieu médical. Il sera effectué au bord de la route si le premier test salivaire se révèle positif.
Côté alcool, la possibilité de recourir à un éthylotest anti-démarrage (EAD) pour les conducteurs récidivistes sera élargie, grâce à la multiplication du nombre d’installateurs agréés. Si 37 départements sont aujourd’hui opérationnels, tous devront l’être d’ici à 6 mois.
>Tous les conducteurs égaux devant la loi !
Le sentiment que tous les conducteurs ne sont pas égaux devant la sanction doit disparaître. Les conducteurs de voitures utilisées à l’occasion de leur travail doivent être sanctionnés en cas d’infraction routière. Ainsi, les entreprises qui refuseront de révéler le nom de leur employé ayant commis une infraction routière écoperont d’une amende de 650 euros. Cependant, le salarié concerné aura toujours la possibilité de nier être le conducteur.
De plus, l’étau va encore se resserrer sur les conducteurs étrangers coupables d’infractions en France. Ainsi, un permis à points « virtuel » sera bientôt créé pour ces derniers, fonctionnant sur le modèle français. Le retrait des 12 points entraînera l’interdiction de conduire sur le territoire français.
>80 km/h : l’expérimentation toujours en cours
On constatera sans surprise que les 80 km/h sur routes secondaires bidirectionnelles n’en sont toujours qu’au stade de l’expérimentation sur quelques routes, et n’ont donc pas été généralisés. Selon Bernard Cazeneuve, « ceux qui ne respectent pas la limitation de vitesse à 90 km/h ne respecteront pas non plus celle à 80 km/h. Il faut déjà s’assurer que les vitesses maximales autorisées en vigueur sont respectées. ». Et comme l’a souligné Manuel Valls, « il est illusoire de croire qu’une unique mesure puise entraîner des résultats spectaculaires. Il est plus efficace d’agir sur toutes les causes d’accidents ». Avant de conclure en annonçant qu’« un prochain CISR aura lieu dans 1 an, afin de faire le point sur les mesures prises, et de procéder à d’éventuels ajustements ».